Il était une fois : de Walibi à Winnoland (anciennement Babyland)
Une grande histoire pour un petit parc à la dynamique excellente
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Avant-propos
Le jeudi 21 mai 2020, alors que le déconfinement venait à peine de débuter, nous nous étions rendus à Babyland-Amiland, dans l'Essonne sous un merveilleux soleil et en dehors des opérations habituelles. Nous (re-)découvrions un parc absent de visiteurs, mais pourtant loin de prendre la poussière. Bien que peu d'employés se trouvaient sur place lors de notre passage, nous étions heureux d'avoir échangé avec toutes ces têtes qui affichaient un grand sourire à notre rencontre.Merci à Xavier, Alexandra, Geoffrey, Cédric, Flavien, le Circus TiTi, et toutes les équipes du parc pour leur accueil et le temps qu'ils nous ont consacré.
Introduction
Parmi les personnes présentes, ce jour, il y avait Xavier Lapere, le papa de Geoffrey : un ancien forain et propriétaire du célèbre Jet bleu que l'on pouvait retrouver à la Fête des Loges jusqu'en 2016. Une montagne russe transportable de Schwarzkopf qui a bercé l'enfance de la plupart des coasters fans en Ile-de-France.Vous vous doutez bien, derrière ce cher monsieur se trame toute une histoire qui a fait ce qu'est Babyland aujourd'hui. Avec cœur et passion, Xavier Lapere nous a raconté l'historique du parc, en compagnie de sa famille, dont Geoffrey, son fils, qui fera le Babyland de demain.
Historique
L'histoire démarre par un manoir
Tout a commencé en 1972. La famille Werry est propriétaire du Manoir de Villededon et d'une vingtaine d'hectares autour. Comme la plupart des notables ayant des châteaux et des manoirs, la difficulté est d'entretenir leur héritage.La famille décide alors de créer une SARL avec des permis de construire pour y installer une buvette et des jeux en plein air pour les enfants sur ce simple terrain.
Malheureusement, cela ne suffit pas, les gérants étant loin d'être des professionnels du loisir. La famille, devant déposer le bilan, décide de vendre.
Un constructeur de manège français y met sa patte
En 1985, Christian Reverchon s'associe avec Duhy, un forain propriétaire de deux auto-tamponneuses, pour créer la société Babyland-Amiland, en rachetant la SARL Le Manoir de Villededon. Le nom Babyland-Amiland apparait alors pour la première fois.Il s'agit bien du même Reverchon qui, aujourd'hui encore, construit des manèges pour les professionnels de l'industrie du loisir tout autour du monde.
Deux ans après ce rachat, les deux associés finissent par se séparer du manoir ainsi que de 2000 m² de terrain avoisinant, tout en voulant vendre le parc Babyland. La raison de la vente est dû à un conflit d'intérêt entre les deux gestionnaires.
Un forain intéressé par le parc
Xavier Lapere est devenu forain à son compte en 1982. D'abord propriétaire du Toboggan à ses débuts, il achète le Jet construit par l'allemand Schwarzkopf en 1986.Après cinq ans de déplacement de fêtes en fêtes en tenant ces deux gros manèges, soit en 1987, il pense à quitter le monde itinérant. À terme, son souhait était de posséder un parc d'attractions.
En 1989, apprenant que le parc Babyland est à vendre, Xavier se rend pour la première fois sur les lieux à la rencontre de Duhy et Reverchon pour une première tentative de rachat. Les deux associés en demandaient 9 millions de francs (environ 1.3 million d'euros), une somme que Xavier n'arrivait pas à regrouper à ce moment-là…
Un kangourou en Ile-de-France
En 1992, Eddy Meeùs, propriétaire de Walibi Wavre et d'autres parcs transformés en Walibi, achète Babyland-Amiland dans le but de créer Walibi Ile-de-France. L'acquisition se fait pour 9 millions de francs.Mais les choses ne se passeront finalement pas comme prévu : la trésorerie étant absente et n'ayant pas les personnes qualifiées sur le terrain, le parc n'ouvrira jamais.
En 1997, Eddy Meeùs contacte directement Xavier Lapere qui est toujours intéressé par l'achat du parc. Il lui en demande 6 millions de francs (environ 910 000 €) en l'état, en y laissant d'anciens manèges inexploitables.
Xavier réussit à négocier l'achat pour 4 millions de francs (soit 600 000 €). Eddy accepte et vend alors à perte, une promesse de vente est ainsi signée.
En décembre 1997, lorsque Xavier signe l'achat du parc, il se trouve devant un mandataire de Six Flags, Eddy ayant vendu entre-temps tous ses parcs au groupe américain.
Parc acquis, mais histoire pas finie
En 1998, enfin propriétaire, Xavier s'installe à Babyland et peut pleinement se consacrer à la construction de son parc. Le maire de la ville est heureux de cette acquisition qui permet d'éviter une mauvaise utilisation du terrain.Cet achat permet également au forain de ranger ses métiers. Il continue à tourner sur les fêtes foraines afin de pouvoir payer intégralement l'acquisition.
Cependant, il est freiné par les voisins, notamment par le propriétaire du manoir, qui attaquent ses permis de construire. Un conflit d'intérêt qui retardera les avancées et l'ouverture du parc, et qui durera près de 10 ans, jusqu'en 2007. Une longue période où Xavier s'est énormément battu pour obtenir gain de cause.
Grâce à sa détermination au combat, mais aussi au soutien de plusieurs personnalités politiques telles que George Tron, député de l'Essonne, Dominique Busseron, ministre de l'agriculture et Pierre de Rus, maire de Saint-Pierre-du-Perray, Xavier finit par l'emporter et les permis de construire sont finalement approuvés. Le parc est inauguré en 2008.
12 attractions à l'ouverture
Pendant un voyage en Italie avec sa femme Alexandra, Xavier tombe sur un certain Vittorio Frison, qui n'est autre que le directeur de SBF Visa Group. Celui-ci lui montre plusieurs attractions pour enfants et lui conseille des stratégies d'investissement pour permettre le lancement de Babyland. Xavier a acheté des gonflables, des trampolines, et des petits manèges. C'est ainsi que l'aventure Babyland a commencé.Une histoire familiale
Alexandra Lapere, la femme de Xavier gère seule le parc pendant les premières années. Lui était encore sur les fêtes foraines, et Geoffrey, la tête dans ses études, revenait de son université pour aider sa mère les week-ends. En étant aussi divisés, les responsables ne pouvaient pas se concentrer pleinement dans l'activité.Geoffrey a été diplômé en 2013. En 2016, Xavier fait sa dernière fête avec celle de Liège. Grâce à tous ces poids en moins, le parc connait sa poussée d'accélération : avec la famille entièrement réunie, chacun peut s'investir à plein temps dans l'activité. La clientèle revient régulièrement chaque année et apprécie les petites évolutions qui sont apportées au parc au fil du temps.
Geoffrey est ravi de la situation familiale actuelle au parc. Étant tous ensemble sur le terrain, les membres de la famille discutent naturellement de projets lors du repas à midi, quand il faut s'arrêter le soir, et prévoient le travail du lendemain. Tout va beaucoup plus vite. Le jeune directeur affirme qu'il y a désormais une belle dynamique.
Une clientèle plus téméraire
Avec une dynamique aussi évolutive, le parc a su proposer un choix d'attractions plus sensationnelles, toujours en provenance du constructeur SBF : le Bateau Pirate, un petit Flume Ride, sans oublier une offre familiale comme la Grande Roue ou bien les tracteurs du Magic Farm.La petite anecdote
La mascotte du parc est un lapin qui répond au nom de Winno. L'origine de celle-ci vient simplement de la jeunesse de Geoffrey : plus petit, il possédait un lapin de compagnie qui avait fait tout son bonheur. C'est donc à Babyland qu'il rend hommage à son animal de compagnie. 🐇Il était une fois Winno
Du fond de son petit terrierLui vint une brillante idée.
Celle de divertir tous ses amis,
Du plus grand au plus petit.
Un lieu féerique et enchanté
Où les rêves deviennent une réalité.
Il voulait, pour être plus précis,
Faire de son jardin, un paradis.
Il est donc sorti de son terrier,
Pour donner vie à son idée.
Manèges, restaurants et décorations,
Son jardin devient un parc d'attractions.
Désormais, tous peuvent en profiter
En famille, ou entre amis, une seule règle, s'amuser !
Son rêve s'est enfin accompli,
Faire de son jardin, un paradis.
Babyland-Amiland vit alors le jour.
Crée par Winno avec tout son amour.
De nos jours
En 2020, du haut de ses 66 ans, Xavier aimerait désormais prendre du recul et respirer un peu après toute cette grande aventure. Il souhaite donner des parts à son fils de façon à ce qu'il puisse reprendre intégralement l'entreprise.Geoffrey prend progressivement les rênes de Babyland, et en plus de gérer tout le parc comme l'a fait son père, il reste dans l'ère du temps en se consacrant à la communication digitale.
Il a également su s'entourer d'une équipe polyvalente mais surtout motivée et soudée. En regardant tous dans la même direction, cette "team" permet l'évolution progressive mais sûre du parc qui ne peut que s'améliorer en poursuivant ce rythme. Ce nouveau souffle de jeunesse se remarque grâce une communication ultra-présente sur les réseaux sociaux : #MaisOùEstWinno, la Box Challenge durant le confinement, ou encore, l'annonce des prochaines nouveautés. Le parc reste proche et connecté à ses visiteurs, et c'est toute la marque de fabrique de celui-ci.
#MaisOùEstWinno
Ou comment assurer la communication du parc sans trop d'effort grâce aux fans ! En créant cet hashtag, Babyland invite ses plus fidèles visiteurs (et même les lambdas) à emporter une peluche de Winno, la mascotte, avec eux en voyage et à le poser près d'un lieu ou monument célèbre pour le prendre en photo. Ils n'ont ensuite qu'à partager celle-ci sur les réseaux en utilisant l'hashtag dédié. Grâce à celui-ci, le parc peut voir jusqu'où voyage le petit lapin. Mais surtout, il imprime les photos qui seront ensuite exposées dans la boutique souvenir !Park-fans obliges, c'est évidemment plus drôle et plus classe si c'est dans d'autres parcs !
La Box Challenge
Durant le confinement de cette saison 2020 si particulière, le parc a lancé la Box Challenge : pour un tarif de 25 €, les plus fidèles visiteurs pouvaient commander une boîte comprenant quatre jouets pour les enfants sans oublier des flyers promotionnels ainsi que des entrées. De quoi faire parler du parc alors que celui-ci n'était même pas ouvert !Repas à domicile made in Babyland
Après le Box Challenge, le parc s'est mis à proposer un service de restauration à domicile et à emporter, avec une carte aux couleurs des lieux et spécialement conçue pour l'événement. La livraison était assurée par l'équipe du parc pour un repas à midi autant que le dîner.À la carte, sont proposés, entre autres, des burgers, mais également une véritable entrecôte que nous avons appréciée à la dégustation ! Une originalité à souligner d'autant plus que celle-ci est proposée à un prix incomparable par rapport à la concurrence !
Circus TiTi
Babyland a inauguré en 2020 le premier spectacle de son histoire. La troupe du Circus TiTi, des habitués de spectacles dans les parcs, rassemble divers talents au sein de la même famille : du cirque traditionnel, de la jonglerie, du monocycle, et même du lancer de couteaux.L'arrivée de ce spectacle vivant rajoute de l'animation au parc et lui donne un nouvel élan. Le succès fut, comme prévu, au rendez-vous.
La saison d'Hallo'Winn
S'il y a bien un événement que le parc aime fêter, c'est Halloween. Cette année, il fête le cinquième anniversaire de l'Hallo'Winn, son événement de l'épouvante, où la mascotte Winno prend le rôle du Comte Winno en compagnie de sa petite équipe maléfique. Bien que petit, le parc se met aux couleurs et tous les habitants se transforment en monstres et autres créatures étranges. Halloween oblige, une distribution de bonbons est au programme en plus d'un maquillage pour les plus petits (et grands) monstres qui souhaitent s'aventurer sur place.Avenir
Geoffrey rêve depuis longtemps d'une base aquatique à Babyland. Comprenez par là non pas un parc aquatique, mais un splash pad pour les enfants : un jeu avec des figurines qui crachent de l'eau, des toboggans, des bains de soleil pour les parents et un glacier pour cette zone.Il y a un souhait de diversification en devenant un pôle de loisirs. Les activités s'orientent plus dans le familial, et le choix se dirige à l'avenir vers des attractions plus conséquentes et sensationnelles. Xavier est enthousiaste à l'idée de proposer à ses visiteurs un train de la mine, des bouées, un gros flume…
Actuellement, le parc accueille 200 000 personnes par an. Avec des attractions de plus grand calibre, il vise les 250 000 à 300 000 visiteurs par an, le site pouvant en atteindre 400 000.
L'annonce est tombée début octobre 2020 : fidèle aux constructions de l'italien SBF, le parc s'offrira pour 2021 un Star Flyer.
Le parc nous a d'ailleurs communiqué quelques-unes de ses caractéristiques : l'attraction fera partie d'un nouvel univers thématisé sur la préhistoire et les dinosaures avec comme décoration, des cascades artificielles et du béton projeté. Le Ptéranodon, le nom de la nouveauté, mesurera 32 mètres de hauteur et pourra accueillir 24 passagers à son bord. Ce sera la plus haute attraction de Babyland.
Ce "Tower Swinger" sera équipé d'éclairage et de systèmes de sonorisation provenant de chez MSC-Distribution. Autre particularité : des haut-parleurs seront placés à l'arrière de chaque siège afin de diffuser une musique embarquée ! La musique diffusée à bord de l'attraction sera une composition dédiée à l'univers qui sera également entendue dans le "land".
Cela présage une douce mais excellente évolution, et nous avons hâte de voir les autres surprises durant les prochaines années !
Notre petit tour
Notre dernière visite remontant à quelques années, il était plaisant de découvrir tous les changements et nouveautés en plus de ceux mis en place suite au confinement. Il faut dire que les équipes du parc n'ont pas chômé !Nous avons été guidés par Geoffrey Lapere himself, dans un parc dénué de visiteurs, où toute activité se retrouve en pause.
Pour 2020, l'entrée a été réaménagée, les chemins ont été goudronnés, de nouveaux sanitaires sont en construction, et l'allée principale s'est parée d'une très belle enseigne. Une grande boutique a ouvert en septembre dernier. Vous y retrouverez naturellement des souvenirs, mais aussi tous les produits dérivés de la Box Challenge.
Xavier a monté la structure du Jet dans le parc, mais celui-ci n'a jamais été en opération.
Il est à vendre ! Si cela vous intéresse, n'hésitez pas à contacter le parc ! 😉
Le mot de la fin
Avec cette sortie peu ordinaire, nos émotions n'ont pas été créées par des attractions, mais par une belle et incroyable histoire, celle de Babyland. Bien qu'elle fût longue et mouvementée, c'est avec une belle force et une grande motivation que le site est devenu le charmant petit parc qu'il est aujourd'hui.Le clan Babyland est bien soudé pour propulser le parc vers de nouvelles aventures toujours plus excitantes chaque année.
Nous n'aurions jamais pensé qu'un Walibi Ile-de-France ou un Six Flags puisse être aussi proche de chez nous. Mais Geoffrey nous reprend :
« L'histoire est vraiment très belle. Au final, c'est Babyland, c'est encore mieux ! »
Retrouvez toutes les informations pratiques sur le parc en visitant leur site officiel (pssst, petite info : c'est Coasterrider qui est à la charge de celui-ci 😉) :
https://parcbabyland.fr
https://parcbabyland.fr
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Thibault de Troy
Coasterrider Team
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